Bon, voilà mon sentiment sur les dernières nouvelles. Ceci n’engage que moi. Je ne détiens pas LA vérité ni ne vois le futur mais je voulais, par ce biais, partager quelques pensées.


Récemment, on a entendu les déclarations de plusieurs représentants du gouvernement Congolais. Ils nous ont annoncé que l’actuel président Joseph Kabila ne désire pas se représenter. Ce qui serait normal puisque cela suivrait les règles mises en place par la Constitution de 2006. Si tout cela est vrai, je salue l’annonce mais cela reste encore à voir. Il nous faut rester vigilant car le pouvoir est grisant et les chefs d’états africains, du Nord au Sud, sont connus pour vouloir le garder coûte que coûte. Nous ne devrions pas nous réjouir d’une telle annonce car quitter la présidence après deux mandats est un standard. Je rêve d’un jour ou ce genre de choses ne fera plus débat et sera chose acquise et intégrée par tous et surtout par la junte au pouvoir. Si, en 2016, nous arrivons à organiser de véritables élections présidentielles, ce seraient seulement les troisièmes élections en 56 ans depuis l’Indépendance de la Belgique en 1960 et seulement les premières qui n’inclueraient pas de personnalités propulsées en avant par des circonstances troubles. De coups d’État en assassinats, de trahisons en déstabilisations, le Congo n’a finalement connu que 4 chefs d’États: Joseph Kasa-Vubu (1960-1965), Joseph-Désiré Mobutu (1965-1997), Laurent-Désiré Kabila (1997-2001) et Joseph Kabila Kabange (depuis 2001).
Et si Kabila partait? – Mars 2014


Le premier, ancien séminariste et comptable, a été élu au suffrage universel indirect suite à la révolution indépendantiste qui a secoué le pays. Le second, sous officier, journaliste puis chef d’État major, est arrivé au pouvoir par coup d’état en trahissant son ami et mentor Patrice Lumumba puis en écartant Kasa-Vubu. Le troisième, chef révolutionnaire, maquisard et trafficant d’or et d’ivoire, soutenu par les Rwandais, les Ougandais et les Angolais, est aussi arrivé au pouvoir par coup d’état puis est assassiné par un de ses gardes qui a lui-même été assassiné. Le quatrième, Major Général, est désigné pour prendre la suite de son père.
Je ne suis pas à l’aise avec des élections au suffrage indirect pour désigner un chef d’État. Bien que le suffrage universel direct soit plus couteux, il assure, s’il est tenu dans de bonnes conditions, que chaque bulletin déposé dans l’urne correspond à la voix d’une personne en âge de voter et que le président est élu la majorité des votants, ce qui représente un bien plus grand nombre que la majorité des grands électeurs dans la cas d’un suffrage indirect. Lors d’un suffrage universel indirect, qui me dit que le grand électeur en qui je place ma confiance va voter comme moi et ne va pas changer d’avis en cours de route ? Le président doit représenter la nation et défendre les intérêts de cette nation à l’intérieur mais aussi à l’extérieur de ses frontières. Il est donc préférable de le désigner par un suffrage universel direct.

Je ne suis pas d’accord avec l’idée que Tshisekedi se représente aux présidentielles et je vais vous dire pourquoi. Son temps est passé. Il faut savoir tendre la main aux jeunes générations. Ne me dites pas que parmi les supporters de Tshisekedi, il n’y a personne digne de reprendre le flambeau. Étienne Tshisekedi wa Mulumba est né en 1932. Pensez-vous vraiment qu’à 82 ans on puisse gérer un pays aussi grand et complexe que le Congo et avoir l’énergie pour défendre son peuple, ses frontières et son intégrité? Oui, il est tout a fait possible qu’il soit élu et il a le droit de se représenter mais quand on a de telles responsabilités, il faut être en pleine capacité de ses fonctions non seulement intellectuelles mais aussi physiques. Alors que l’on annonce son admission à l’hôpital, encore aujourd’hui dans le Journal des Auditeurs d’Africa #1, Edouard Olito, représentant de l’UDPS, a démenti que Tshisekedi était souffrant. Qui croire? La présidence est une fonction qui demande beaucoup d’énergie. Si le président n’est pas en mesure d’assurer ses fonctions, alors d’autres personnes prennent le relais (chef de cabinet, ministres, adjoints et autres délégués) qui sont peut-être compétentes mais qui ne sont pas celle pour laquelle le peuple a voté. Je n’ai rien contre l’homme. Il a une longue carrière politique et peut-être que son grand regret c’est de n’avoir jamais exercé le pouvoir suprême de président et c’est sûrement la raison pour laquelle il se représente. Cependant, il faut regarder les choses en face, en 2016, Etienne Tshisekedi aura 84 ans et s’il est élu, il faudra qu’il tienne jusqu’à ses 89 ans. Il devrait montrer l’exemple en nommant maintenant un successeur. Un bon leader met son entourage sur les rails, leur transmet ses valeurs et ses connaissances, les lance à peine vitesse et leur passe le témoin au moment opportun. Je préfèrerais qu’il mette sa confiance dans la jeunesse car le Congo a aussi et surtout besoin de sa jeunesse pour se reconstruire.
Étienne Tshisekedi, un roi sans royaume – Mars 2013
Où est passé Tshisekedi? – Mars 2014
UDPS en quête de stratégie – Mars 2014
Comment va Étienne Tshisekedi? – April 2014
Pour finir, je dirai que j’espère que les heures les plus sombres du Congo sont derrière nous. Il y a beaucoup à faire. Pendant cinquante ans, depuis que la Belgique a tué une démocratie naissante dans l’oeuf, le Congo a lentement mais sûrement sombré. Nous devons arrêter les combats, les pillages, les viols, les vols et protéger nos ressources et nos frontières. Nous devons nous pencher vers l’avenir pour reconstruire et ce faisant, protéger nos enfants et leur assurer des soins, une éducation et les faire grandir en sécurité et en paix. Le Congo a une richesse immense. Je ne parle pas de ses sous-sols mais de ses populations (plus de 400 langues). Cette diversité est un véritable vivier culturel avec des possibilités infinies. Les vingt ou trente prochaines années seront cruciales pour le Congo et c’est maintenant qu’il faut faire les bons choix. Je crois sincèrement à l’émergence d’un Congo véritablement démocratique.
Pour se familiariser avec les différents partis politiques congolais