[Nsùmwìnù] Le Renard, l’Antilope et le Léopard

Le Léopard était connu dans toute la région pour la préparation des haricots. Lorsqu’il les préparait, l’arôme des épices, dont il gardait jalousement le secret, se répandait dans tous les villages avoisinants et tout le monde se léchait la bouche en faisant palpiter les narines. Le Renard et l’Antilope qui ne pouvaient pas se retenir venaient roder autour de la maison du Léopard, attirés par les bonnes odeurs que dégageait la cuisine de ce dernier.

brerfoxUn jour, le Léopard termina la cuisson des haricots. Il sortit pour aller chercher une bonne viande avec laquelle il allait agrémenter son repas. Aussitôt qu’il était parti, les deux compères qui n’étaient pas loin, le voyant s’éloigner, s’introduisirent furtivement dans la cuisine du Léopard. Ils mangèrent les haricots et léchèrent toute la marmite. En rentrant à la maison, le Léopard trouva la marmite vide et propre. Grande fut sa colère. « Celui qui a fait ca, me le paiera un jour », se dit-il. La même situation se répéta plusieurs jours. Le Léopard était incapable d’attraper le voleur qui volait ses haricots.

Comme d’habitude, le Léopard prépara encore ses haricots un jour. Les odeurs qui sortaient de sa cuisine se répandirent dans les airs. Comme d’habitude, le Léopard sortit à la recherche d’une bonne viande avec laquelle il allait savourer ses haricots. Cette fois-là, il prit soin de bien fermer la porte à clé. Comme d’habitude, le Renard et l’Antilope qui se cachaient derrière la maison du Léopard se présentèrent devant la porte pour manger ses haricots. Mais voilà, ils trouvèrent la porte de la maison fermée à clé. Voulant à tout prix manger les haricots du Léopard, ils creusèrent donc un petit trou dans la terre qui débouchait dans la cuisine du Léopard, puis réussirent, par le trou, à s’y introduire. Et comme d’habitude, les deux commencèrent à manger les haricots. Il y en avait beaucoup et ils étaient délicieux. La marmite en était pleine. Alors, le Renard, par mesure de prudence, dit à l’Antilope :

– Manseba wamanya ! (Fais attention !) Il faut toujours t’essayer par rapport au trou. Si non, tu risques de ne pas sortir d’ici.

Ainsi, chaque fois que le Renard mangeait, il allait passer par le trou, puis revenait manger les haricots. Mais l’Antilope trouvait que c’était une perte de temps d’aller contrôler sa taille par rapport au trou.

– Manseba, nous réussirons toujours à sortir d’ici, répondait-elle chaque fois au Renard.

Ce jour-là, le Léopard avait fait une mauvaise chasse. Pas d’animaux, pas d’oiseaux. Donc pas de viande à consommer avec ses haricots. Il rentrait à la maison, épuisé et triste en même temps, se disant dans son for intérieur qu’il allait se contenter de haricots seuls. Mais une heureuse surprise l’attendait.

Lorsque les deux amis qui étaient dans la cuisine entendirent les pas du Léopard, ils se ruèrent vers le trou. Le Renard, très rapide, n’eut pas de peine à y passer et s’enfuir. Mais l’Antilope n’eut pas la même chance. Elle fit passer ta tête à travers le trou, mais fut retenue par le ventre rempli de haricots. Elle essaya de forcer le passage. Peine perdue. Prise de peur, elle se mit à pleurer.

– Au secours, au secours, je ne sais pas sortir !

Le Léopard, alerté par les pleurs de l’Antilope, fit rapidement les derniers pas qui le séparaient de la porte et l’ouvrit. A son grand étonnement, il vit l’Antilope au beau milieu de la cuisine avec un très gros ventre.

– Ah manseba Ngulungu, c’est donc toi qui manges toujours mes haricots ! Je m’en vais aussi te manger aujourd’hui.

leopard-1L’Antilope fondit en excuses et voulut expliquer au Léopard qu’elle n’était pas la seule à voler ses haricots, mais le Léopard ne voulut pas l’écouter. Il tua l’Antilope et la mangea avec le peu de haricots restés dans la marmite.

C’était le conte tel qu’il m’a été raconté par Nico Muambi du Canada.

Comme me l’a dit Nico, plusieurs leçons de morale peuvent être tirées de ce conte. Pour ma part, j’en ai trouvé trois :

1. « Wateya wadya, wateya wadya ; kadi bya kukuma kaba ku dyulu, ne ulue kwamba ne bena cyoto !
2. « Budimu mbutambe bwanga bupaka»
3. « Katuvumvwa wakumvwa dyakamuya ntande mu dyulu »

A vous de trouver les autres leçons.

Source: Lumbamba Kanyiki – Grand Kasaï

[Nsùmwìnù] Les deux chasseurs

Dans un village, il y avait deux chasseurs qui avaient l’habitude de chasser ensemble. L’un était natif du pays et l’autre venait de l’étranger. Le chasseur étranger était de loin meilleur que l’autochtone. Mais à chaque fois qu’il tirait sur une bête, l’autochtone revendiquait le gibier : « C’est à moi !» et le chasseur étranger ne pouvait rien dire. La même situation se produisait tous les jours qu’ils allaient à la chasse.

N’en pouvant plus, le chasseur étranger porta l’affaire devant les habitants du village. Ceux-ci ne savaient comment trancher contre leur frère. Ils le conseillèrent d’aller se plaindre chez le chef du village. Ce dernier ne sut comment rendre le jugement dans un litige qui opposait son sujet à un Etranger. Ce dernier, triste et déçu, rentra chez lui. Les jours s’écoulèrent ainsi. Comme d’habitude, les deux allaient à la chasse ; comme d’habitude, ils trouvaient les bêtes et tiraient et comme d’habitude, « C’est à moi! », criait le natif et s’en emparait.

Arc et flèches lubas
Arc et flèches lubas

Mais un jour vint qui ne ressemblait pas aux autres jours. Les deux compères se rendirent de bon matin à la chasse. Après quelques heures d’une chasse infructueuse, ils remarquèrent derrière un buisson une forme sombre qui passait. Ils se dirent que c’était un phacochère et se mirent à l’affût. L’étranger, dégaina son arme, ajusta et tira. Aussitôt l’autochtone cria : « C’est à moi !». Il se précipita pour ramasser l’animal, mais fut surpris de trouver une femme gisant dans son sang sur le sol, atteinte par les balles. Les débris de sa cruche cassée s’étaient répandus près d’elle. Elle allait à la rivière puiser de l’eau pour le ménage.

Les villageois qui étaient dans le parage ayant entendu le coup de fusil et le « C’est à moi !» du chasseur natif du pays, accoururent pour voir la bête qu’il avait tuée. Ils furent surpris de découvrir le cadavre de la pauvre femme qui baignait dans son sang. « Tu as tué la femme d’autrui ! », l’accusèrent-ils. La nouvelle se répandit comme une traînée de poudre dans tout le village. Les policiers alertés vinrent arrêter le chasseur natif du pays. Il fut condamné plus tard à la peine capitale pour meurtre.

Moralité : Est pris qui croyait prendre

C’était le conte de maman Adolphine Mushiya.

Source: Lumbamba Kanyiki- Grand Kasaï

[Nsùmwìnù] La souris et la chauve-souris

La Souris et la Chauve-souris étaient des grandes amies. La Souris, dans sa tête, ne voyait même pas les ailes de son amie, Chauve-souris. « Nous sommes de la même race », se disait-elle. «D’ailleurs, elle mange ce que je mange ». Cet amour était partagé. La Chauve-souris aimait aussi la Souris et jamais il ne lui était arrivé de se demander pourquoi la Souris n’avait pas d’ailes comme elle.

Les temps changent et avec eux, les mœurs aussi. Ô tempora! Ô mores !

Avec le temps donc, la Chauve-souris eut des mauvaises pensées envers sa vieille amie.  « Moi, Chauve-souris, je vole et je vois du pays. Je ne suis, donc, pas comme la Souris qui court à travers savanes et forêts et ne sait pas goûter au plaisir des airs ! », se disait-elle. Puisqu’elle se sentait supérieure, elle changea aussi tout son comportement envers la Souris. Les visites qui, jadis étaient réciproques, devinrent à sens unique : La Chauve-souris venait chez son amie, prenait part aux repas que cette dernière lui offrait, mais jamais elle ne voulut inviter son amie chez elle.

A chaque fois que la Souris voulait s’inviter chez la Chauve-souris, elle recevait la même réponse de cette dernière : « Ma chère, j’ai beaucoup à faire ce dernier temps. Les affaires m’obligent à sortir et à prendre les airs pour aller loin, très loin. Mais dès que j’aurai du temps libre, tu viendras me voir ». Finalement, la Souris se sentait flouée. « Tu me le paieras un jour », se disait-elle dans son for intérieur.

chauvesourisUn jour, la Souris se leva de bon matin avec un plan bien arrêté. Elle tendit des pièges dans tous les palmiers autour de sa case. C’était un travail épuisant. Après l’avoir terminé, elle alla se reposer sous la véranda, se disant que son amie n’allait pas tarder à venir lui rendre visite.

Comme elle s’y attendait, la Chauve-souris vint après quelques minutes. Elles mangèrent et burent ensemble. Au moment du départ, la Souris dit à la Chauve-souris : « Pendant cette période, mes palmiers produisent de très belles noix ; tu peux t’en servir un peu avant de rentrer chez toi ». La Chauve-souris remercia et prit son envol.

Se rappelant la proposition de son amie, la Chauve-souris fit un virage vers le premier palmier qui se trouvait sur sa gauche. Elle s’y posa, mangea des noix de palme, mais ne se rendit pas compte d’un nœud qui l’avait prise à l’une de ses pattes. Lorsqu’elle voulut s’envoler, elle fut retenue par la patte. Elle tira de toutes ses forces en battant les ailes, mais rien n’y fit.

Prise de panique, la Chauve-souris appela au secours. La Souris qui l’entendait ne put venir la détacher. Pour toute réponse, elle lui dit : « Débrouille-toi, chère amie, je ne sais pas venir là haut, car, je n’ai pas d’ailes comme toi ! La Chauve-souris se débâtit, sans succès, jusqu’à épuisement total.

Un Serpent qui passait par là, attiré par le parfum que dégageaient les noix de palme, trouva la pauvre Chauve-souris prise au piège de la Souris. Il ne se fit pas prier. Oubliant les noix de palme pourtant bien charnues, il se jeta sur l’infortunée et n’en fit qu’une bouchée.

Moralité : La vengeance est un plat qui se mange froid !

C’était le conte raconté par mamu Adolphine Mushiya
Source: Lumbamba Kanyiki – Grand Kasaï

[Nsùmwìnù] La cultivatrice et le corbeau

L’histoire se passe quelque part, dans la brousse, au Congo vers la fin de la saison sèche. En prévision des premières pluies qui n’allaient pas tarder à tomber, tous les cultivateurs se rendaient aux champs pour les travaux de défrichage. Plus une famille était nombreuse, plus grand était le champ à cultiver. C’est la raison pour laquelle même les enfants participaient aux travaux de champs. Tous les villageois y allaient tôt le matin et en revenaient tard le soir. Parmi eux, il y avait une jeune cultivatrice, mère d’un bébé de quelques mois, mais elle n’avait personne qui pouvait s’occuper de son bébé.

Lorsque la cultivatrice arrivait au champ, elle donnait d’abord du sein à l’enfant. Elle aménageait ensuite un bon endroit à l’ombre d’un grand arbre et le couchait lorsqu’il dormait. Enfin, elle prenait sa houe et se mettait au travail. Le problème de la jeune cultivatrice était que le bébé se réveillait après quelques minutes de sommeil et commençait à pleurer, obligeant la mère à interrompre son travail pour s’occuper de lui.

«Tu t’es déjà réveillé ? Mais qui s’occupera de toi pendant que je travaille?», se plaignait la cultivatrice. « A ce rythme, je ne pourrai pas terminer mon champ. De quoi allons-nous vivre?». La cultivatrice travaillait alors des heures durant avec le bébé sur son dos, ce qui n’était pas facile. La situation de la cultivatrice avec son bébé qui pleurait tout le temps était connue de tous les villageois, mais personne ne venait l’aider.

Un jour, comme à l’accoutumée, elle vint très tôt matin avec son bébé, l’allaita, le berça du mieux qu’elle pouvait avec sa voix douce et le coucha en-dessous de l’arbre. Mais le bébé se réveilla en pleurs après seulement quelques minutes de sommeil. Grande fut la tristesse de la jeune femme qui se mit à pleurer à chaudes larmes : « Seigneur, qui pourra s’occuper de mon bébé ? Je n’ai personne ! »

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Sur le grand arbre, un vieux corbeau venait régulièrement se reposer. Il écoutait chaque fois les plaintes de la cultivatrice en-dessous de l’arbre. Ce matin-là, pris de pitié, il descendit et se posa en face de la femme dans un frou-frou des ailes qui effraya cette dernière. «Jeune femme, du haut de cet arbre, j’entends toujours tes pleurs et tes lamentations.» lui dit-il. «Si tu veux, je m’occuperai de ton bébé afin que tu finisses vite ton champ comme les autres. Mais tu ne diras à personne que c’est moi qui garde ton bébé» lui proposa-t-il.

La cultivatrice accepta la proposition du corbeau et l’accord fut conclu entre les deux. Le corbeau prit le bébé et s’envola avec lui, laissant la mère travailler dans son champ. A partir de ce jour-là, le corbeau venait chaque matin prendre le bébé et l’emmener avec lui, laissant la mère défricher son champ qui s’agrandissait de jour en jour. Il le lui ramenait le soir avant son retour à la maison.

Les autres cultivateurs ne tardèrent pas à remarquer le silence dans le champ de la cultivatrice, eux qui étaient déjà habitués à entendre les pleurs lointains du bébé. Une villageoise voulut en savoir plus et vint demander à la cultivatrice : « Qu’est-ce que tu fais pour calmer ton bébé ? En effet, nous avons constaté qu’il ne pleure plus comme avant ? » La jeune cultivatrice oublia le deal qu’il avait conclu avec le vieux corbeau et eut le malheur de révéler la vérité à la villageoise.

Le matin suivant, la femme allaita son bébé comme elle en avait l’habitude et le confia au corbeau. Ce dernier le prit et s’envola avec, mais lorsqu’il ramena l’enfant le soir au moment où la mère l’attendait pour rentrer à la maison, eh voilà, le bébé était mort !

Moralité : Bimpe kulama ludimi !

C’est le conte tel qu’il nous a été envoyé par mamu Adolphine Mushiya.

Source: Lumbamba Kanyiki – Grand Kasaï (très bon blog!)

[Nsùmwìnù] Kadima Lutùùlù nè Kadima Lùbilu

Kadima Lutùùlù nè Kadima Lùbilu kupungabo madimbà, kusàka, kwakaja kumana. Kadima Lutùùlù wèndè musambo ùvwa nè :
« Kadima Lutùùlù ùyaya panyì ?
Ne nye katembèlà mwà Mulopò.
Lutùùlù, Lutùùlù ne uye penyì e” ?
Ne nye katembèlà mwà Mulopò e nya! »

Musambo wà Kadima Lùbilu ùvwa nè :
« Lùbilu, Lùbilu, uyaya panyì ?
Ne nye kutembèlà kwà Mulopò.
Lùbilu, Lùbilu wa mwà Mulopò è’,
Ne nye katembèlà mwà Mulopò’ è’ nya! »

Kadima Lutùùlù kujukayè: bènda bàmwimba, ànu mwèndè mùmwèmùmwe àmu too nè kwà Mulopò. Ufikà kwasayè:
« Kadima Lutùùlù mwana Mulopò.
Ndi muyè kutèmbela mwà Mulopò,
Lutùùlù, Lutùùlù wa mwà Mulopò è’,
Ndi muyè kutèmbela mwà Mulopò è’ nya’ ! »

Kwimbayè dîba, Maweeja nè :
« Anji lààla, mwanànyi; wêwe muyè kungimba même Taatù èèbè, udi mwisuku anyì? Anji sòmba. »

Difùku dinaayi edi, Lutùùlù wimba, dijalama, Mulopò kumubikila, kumwambila nè : wamanyi kwimba, imànà nkulayè. Mulopò ùbwela mu nzùbu; tubùlu twà buloba tùbidi kumupà. Kumwambila nè :
« Pa wàfikà, ùbikilè beena kwènù bônso, pashishe wêwe ùtutè tubùlu twà buloba etu panshì ne ùmònè bidimu. »

Lutùùlù kuya wènda ùtèmbela banga bamfùmù to nè mwàbô. Ùfika, kujùkulayè madimbà, wimba to. Bantu kukùka nè bà ku màlàlà.

Lutùùlù kubàlôndela biônso bivwà Mulopò mumwenzele kumana. Kupàtula tubùlu twà buloba atô tubidi. Utàpa kà kumpàla panshi. Ngômbe kupàtuka, bisàku, bisàku; nzòòlo, mbùji, mìkooko nè bifùkà Mvìdye byônso. Utàpa kibidi panshì: bakàjì kupàtuka milongo nè milongo, bâna, banungu bisàku nè bisàku. Kutùlangana panshì bisàku nè bisàku.

Mwabilayi kwabanyina bantu bintu’ abiô, kupunga kumana. Kubwela mwèndè kulààla.

Kadima Lùbilu yêye nè: Mulopò ne ampè même bipite byà Kadima Lutùùlù. Kuponayè ne’endè madimbà mu njila, bènda bakàsà anu nè:
« Lùbilu, Lùbilu, uyàya panyì è?
Nyaya katèmba kwà Mulopò è.
Kàlàdi mu njila uyaya panyì è?
Nyaya katembèlà mwà Mulopò è, nya”! »

Bàvwà bàmba nè: imbà, tùmônèku maja. Lùbilu kànangi; byèndè anu lùkàsà.

Lùbilu pwà nè mwà Mulopò. Ufika kwasaye’anu musambo wènde’au. Utùla kuambila Mulopò nè :
« Même diànyi didi ànu dimwè, ntshîna ndàla àbidi. »

Bucììyà Lùbilu kwimba, ùtùla nè: Mukalenge fidayanyi, fiyé kwànyi.

Mulopò kimmubènga. Ubwela, tûngùlùbè, twènde atô tùbidi, kùpà Kadima.

Kadima ufika, wimba, bantu bipwilà. Bànzànkùdi tungùlùbè twènde atô, pwà. Utàpa kàmbedi panshì ; mbùlùbùlù, njiji, nnyòka, mangùlùngé, tumanda makônyi. Bukwà bîshi bônsô pàtu.

Utàpa kibidi; ntambwe, nkàshàmà, ngandù, nzevu, bukwà nnyama yônso. Ntambwe nè biônso abio nè: Bantu bàyaya bàtùshiya !

Ntambwe wènda ùshibaya, bìshi kusùma bantu kuzengeja. Bapandi kùdi nyama kuya bènda bàdilanganà anu miadi.

Lùbilu kushipesha bantu kipàyi bwalu.
Lutùùlù ndupite lùbilu.
Lutùùlù ùyîle kafika,
Lùkàsà ùyîle kacibuka mukòlò mu lwondo.

Kidimba à 9 touches
Kidimba à 9 touches

Kadima le Calme et Kadima l’Agité arrangeaient leurs xylophones et les accordaient convenablement.

La chanson de Kadima le Calme faisait comme ceci:
« Kadima le Calme, où vas-tu ?
Je vais jouer (sur mon xylophone) chez Dieu.
Doucement, doucement, où vas-tu ?
Je vais jouer chez Dieu, c’est ainsi ! »

La chanson de Kadima l’Agité faisait comme celà:
« Vite, Vite où vas-tu ?
Je cours chez Dieu pour le chanter.
Vite, vite au village de Dieu,
Je vais chanter chez Dieu, c’est ainsi ! »

Kadima le Calme partit ; en cours de route, il chantait 1 Dieu, toujours et toujours à sa propre manière (lente), jusqu’à ce qu’il arriva chez Lui. Lorsqu’il était là, il chantait:
« Kadima le calme est enfant de Dieu.
Je suis venu jouer en l’honneur de Dieu,
Doucement, doucement dans le village de Dieu,
Je suis venu jouer en l’honneur de Dieu, c’est ainsi ! »
Il jouait toute une journée. Dieu lui dit :
« Reste ici pendant quelques jours, mon enfant. Tu es venu chanter pour moi, pour moi ton Père, es-tu en brousse ici 2? Prends tes aises ».

Le quatrième jour, pendant que Lutulu était en train de chanter, vers midi, Dieu l ’appela et lui dit:
« Tu as bien chanté ; attends : je vais te donner un cadeau ».

Dieu entra dans sa maison ; Il lui donna deux mottes de terre. Il dit :
« Lorsque tu arrives dans ton village, appelle tous les gens de chez toi, jette chacune de ces mottes par terre et tu verras ce qu’elles contiennent ».

Lutulu partit et chanta les chefs en cours de route, jusqu’à ce qu’il rentra chez lui. Arrivé là, il commença à jouer du xylophone et à chanter, longtemps. Les hommes arrivaient de toutes parts, même des coins les plus éloignés. Lutulu leur raconta en détail tout ce que Dieu lui avait fait. Il montra ses deux mottes de terre.

Il jeta la première par terre. Des vaches en sortaient par troupeaux entiers, puis des poules, des chèvres, des moutons et tout ce que Dieu a créé. Il jeta la seconde par terre : des femmes en sortaient par rangées entières et des enfants et des jeunes gens 3 en des groupes innombrables. Ils se trouvaient là en longues rangées. Notre homme illustre distribua aux gens du village tous ces biens, tout ce qu’il y avait et en bon ordre. Puis il entra dans sa maison et se reposa en paix.
Kadima l’Agité se dit en lui-même : « Dieu me donnera encore plus qu’à Kadima le Calme ». Il se mit en route avec son xylophone en chantant :
« Lubilu, Lubilu, où vas-tu ?
Je vais chanter en l ’honneur de Dieu.
Toi qui ne passes pas la nuit en cours de route 4 où vas-tu ?
Je vais chanter chez Dieu en son honneur, c’est ainsi ! »

En chemin on lui demanda :
« Chante, que nous voyions comment tu danses ».

Mais Lubilu ne voulait pas (s’attarder). Tout devait aller vite.

Lubilu arriva chez Dieu. De suite, il commença sa chanson. La chanson finie, il dit à Dieu:
« Je n’ai qu’une journée à perdre. Je n’ai pas le temps de rester ici deux jours ».

Le lendemain matin, Lubilu se mit à chanter. Lorsqu’il eut fini, il dit :
« Seigneur, donnez-moi mon cadeau que je puisse retourner chez moi».

Dieu ne refusa point. Il entra dans sa maison, sortit avec deux mottes de terre et les remit à Kadima.

Kadima revint et se mit à jouer. Les hommes s’assemblèrent. Notre téméraire 5 montra ses deux mottes de terre.
Il jeta la première par terre: (il en sortit) des abeilles, des mouches, des serpents, des guêpes, grandes et petites. Toutes sortes d’insectes en jaillirent. Il jeta la seconde par terre : des lions, des léopards, des crocodiles, des éléphants et toutes sortes d’animaux sauvages ! Les lions et toutes ces bêtes criaient :
« Les hommes ne peuvent pas nous échapper! »
Le lion courait en tuant, les insectes en piquant et en importunant les hommes. Ceux qui surent se sauver s’enfuirent en hurlant.
Lubilu (la Hâte) en était la cause que des gens furent tués sans leur faute. Lutùùlù (la Patience) vaut mieux que la Hâte: La Patience partit et arriva (saine et sauve); La Hâte partit et se cassa la jambe en route. (Patience est mère de Sûreté)

Conte  Bakwa Kalonji

Source: Notion de Dieu chez les Balubas du Kasaï

  1. Chanter signifie ici : entonner une chanson, jouer du xylophone et danser. 
  2. Tu ne seras pas abandonné sans soins ici = je te donnerai à manger abondamment. 
  3. Banungu: hommes cultivés qui peuvent accompagner le chef ou lui servir d’ordonnances. 
  4. Il est trop pressé pour rester passer la nuit. 
  5. Banza nkudi est le pendant de Muabilayi: Les deux mots sont des surnoms d’hommes intrépides illustres. Mais Muabilayi l’est dans le bon sens, le héros, le courageux ; Banza nkudi l’est dans le mauvais sens, le téméraire, l’entêté. Le mot provient de lubanza = cour, demeure, et de nkudi = nkuvu = tortue. Têtu comme la tortue sous sa carapace.